Maxime Lacombe : “Je veux raconter des histoires mêlant l’imagination et mon vécu”
Entretien avec Maxime Lacombe, un jeune réalisateur et illustrateur aux multiples projets. Ce perfectionniste nous plonge dans son univers pop et coloré.
Ta passion pour le dessin a-t-elle commencé tôt ?
J’ai toujours dessiné et j’ai suivi des cours pendant sept ans. Après le décès de mon professeur de dessin, j’ai fait une longue pause avant de reprendre à la fin du lycée. Je faisais de la musique à côté mais je n’avais aucune idée de profession, j’ai trouvé qu’allier passion et métier pouvait être une bonne idée. Ma mère m’a alors conseillé de reprendre ce passe-temps plus sérieusement afin de viser une école d’art, ce que j’ai fait par la suite en étudiant à l’ECV. La première année permettait de faire une remise à niveau en arts appliqués, tandis que la deuxième proposait deux spécialisations : le graphisme ou l’animation. Je trouve qu’on dessine davantage en animation alors ce choix m’était plus évident. Aujourd’hui, je travaille globalement dans le milieu de l’animation ce qui comprend de la publicité, du clip vidéo et de la direction artistique. J’aime avoir plusieurs cordes à mon arc, ce qui me permet de réaliser entièrement seul des projets ou encore de me lancer sur des courts métrages sans avoir recours à l’animation. Cependant, j’aimerais continuer à faire de la musique et il m’est arrivé de composer lors d’un projet de publicité avec un ami.
Comment qualifierais-tu ton style d’illustration ?
Cette question de style m’a beaucoup complexé car je l’ai longtemps cherché en me renseignant à droite à gauche, et je suis arrivé à la conclusion qu’on ne trouve pas son style. Il vient naturellement, en pratiquant. Aujourd’hui, je dirais que mon style est assez simple, graphique, coloré et pop. L’idée à l’avenir serait d’aller vers un peu plus de réalisme, tout en conservant ce côté pop et abstrait. Je travaille actuellement sur une petite série d’animation avec des personnages plus réalistes en termes de proportions. Je garde mes couleurs pop mais je vais traiter de choses un peu plus abstraites et moins conventionnelles à travers les décors et les sujets. Au niveau des thèmes, c’est généralement autour de la musique et de l’idée de raconter des histoires. D’ailleurs, je fais une série d’illustrations personnelles sur le travail de mes réalisateurs préférés : l’idée est de les réaliser en donnant l’illusion qu’elles sont tirées d’un de leurs films. Sauf que ces films n’existent pas puisque j’invente leurs noms. Les réactions sont assez amusantes, le public est troublé.
Qui sont tes inspirations ?
En dessin, j’étais très admiratif de l’approche des illustrations d’Ugo Bienvenu, illustrateur et bédéiste, dont chacun des travaux raconte une histoire dans un style simple. J’aimerais faire un mélange entre lui et le style de Gabalca, artiste californien au style très simple et coloré. En ce qui concerne la réalisation, je m’inspire beaucoup en prenant des captures d’un film et en m’inspirant des couleurs. Je me suis pris une claque par le graphisme du réalisateur Wes Anderson qui traite très bien le profond, le joyeux, la comédie, etc. Étant maniaque, son style rangé m’a vraiment interpellé.
Qu’est-ce que tu aimes dans la réalisation et l’illustration ?
Je me sens à ma place. J’ai passé deux ans en studio chez Gaumont pour Netflix, ainsi qu’une série pour Canal + où je m’occupais des décors en animation. Cela ne me plaisait pas, j’avais l’impression d’être à l’usine. Ça fait désormais trois ans que je suis indépendant et ce n’est pas toujours facile mais au moins, je choisis là où je vais. Au début, c’était difficile de trouver du travail dans ce milieu mais au fil des années je me suis créé un carnet d’adresses. Ça devient stable, c’est rassurant. L’animation est un travail vraiment laborieux qui me procure du bonheur quand je l’ai achevé. Désormais, j’aimerais faire des clips d’animation en équipe. Je me souviens de mes projets en groupe pendant mon master où c’était difficile de s’organiser étant donné que nos idées divergeaient, le rendu n’était pas très personnel : c’est pour cela que je pense qu’il faut désigner un chef de projet. Selon moi, l’animation et la réalisation vont de pair alors je peux les lier à travers des projets et me tourner vers quelque chose de plus scénarisé. Je veux raconter des histoires mêlant l’imagination et mon vécu tout en gardant en tête qu’il est nécessaire d’être personnel et d’amener cela avec des inspirations ou des collaborations. Je réalise actuellement une série d’animation avec un ami, on est plutôt libres mais des producteurs nous surveillent et nous indiquent des modifications à faire.
Quel est le projet dont tu es le plus fier ?
J’ai réalisé un clip pour Bigflo et Oli, je ne suis pas fier du rendu mais l’expérience était très satisfaisante ! L’un de mes premiers clips était aux côtés de TH da Freak dont je connaissais le musicien, mais cette fois-ci ce sont eux qui m’ont contacté alors que je n’étais pas connu. C’était un vrai challenge puisqu’on n’avait pas beaucoup de temps pour le réaliser mais ils m’ont fait confiance et ont adoré mon travail. Je suis perfectionniste et très dur avec moi-même, ce qui fait que je suis rarement satisfait de mon travail mais ce projet était une réussite d’un point de vue professionnel. J’étais également fier de mon illustration pour ilovelamour, ça faisait longtemps que je ne l’avais pas été. J’ai aussi aimé réaliser Loser at Parties de Rostan Del Soler, c’est un clip loufoque avec un personnage créé à partir de pas grand chose mais qui finit avec une vraie personnalité.
Quels sont tes futurs objectifs ?
J’ai un carnet où je tiens des objectifs, le prochain est de finir mon court métrage avec mon frère et de le proposer à un festival. J’aimerais tourner un clip avec ilovelamour et exposer une série d’illustrations. À long terme, j’aimerais pouvoir réaliser un long métrage.
Retrouvez les illustrations de Maxime Lacombe sur Tumblr.
Propos recueillis par Montaine Matuzac
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